C’est par une question que commence l’émission N°231 de « Je Tourisme en Camping-Car » - produite par Le Média Mobile - qui sera diffusée sur CampingCarTV, le mercredi 5 juin à 18 h.
"Pourquoi as-tu sorti ton projecteur super 8 ?"
Quelques images de Jérusalem… et en voix off : « l’actualité dramatique en Israël m’y fait souvent penser, il ne s’agit pas de vous imposer mon point de vue, mais d’évoquer un lointain souvenir »…
Aurélie : « tu avais 20 ans à l’époque »
Moi : « C’est cela, en 1987… ».
Tout jeune reporter, j’exerçais, depuis 5 ans (le début des radios libres), une passion qui était devenue mon métier. J’avais alors une double casquette : animateur sur Radio France Internationale et animateur-réalisateur sur Radio Notre-Dame dirigée par le Cardinal Lustiger, une figure à l’époque.
C’était la - réelle - première fois que je prenais l’avion pour une destination lointaine. La première fois aussi, que je me retrouvais, de fait, avec de telles responsabilités : celles des sujets à traiter, mais aussi les coûts inhérents à deux mois de production, avec une équipe technique, une voiture, des hôtels… dans un contexte de combat entre une partie de la jeunesse palestinienne et l’armée de Tsahal. C’était la guerre des pierres, la première Intifada !
Mon premier grand voyage était donc un reportage dans un lieu de conflits mais aussi de pèlerinage. Je devais rendre compte de ces deux réalités. J’ai pu alors expérimenter deux types de journalisme que je crois antagonistes, l’un pour RFI et l’autre pour RND.
Le premier consistait à mener l’enquête.
Il fallait donc tout faire pour parvenir à se faufiler parmi les protagonistes. Ne pas hésiter à mentir, si besoin, pour atteindre ce but. Faire semblant. Utiliser l’autre puis le trahir ! C’est qu’il y avait bien un objectif (on devrait dire subjectif), pour lequel il fallait accumuler des preuves… On était plus tout à fait un témoin mais plutôt un inquisiteur : au service de la vérité que l’on détenait, bien entendu, du bien autoproclamé que l’on incarnait contre le mal, le mensonge, l’adversaire… que l‘on caricaturait. Il s’agissait bien de dénigrer, de prouver comme un détective, de dénoncer, de juger, d’influencer, de dicter. Et je le crains, d’alimenter une idéologie et de servir une propagande.
Le second se limitait à toujours rester en quête.
Il ne s’agissait pas seulement de donner la parole à tous les acteurs, sans agressivité manifeste pour l’un, ni empathie pour l’autre, mais de se contenter de toujours rester dans le questionnement. Ne jamais chercher à livrer à un public, supposé adulte, une réponse simpliste, obligatoire et qui serait définitive.
Une interview, comme une image, peut toujours être utilisée, indifféremment, pour l’une ou l’autre de ces deux démarches. Chacun décide le journalisme qu’il veut servir. Celui qui parle ou celui qui écoute ? Celui qui rend compte ou celui qui rencontre ? Celui qui dicte à son public ou celui qui l'amène à se questionner ?
La vie elle-même nous fait faire ce même choix ? Ne nous expose-t-elle pas à cette même dialectique ? Quel randonneur sommes-nous ? Celui qui sait ou celui qui apprend ? Celui qui renonce ou celui qui marche ? Où conduit le chemin ? Une impasse ? S’agit-il d’un voyage ou d’un pèlerinage ?